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par didomars » 12 avr. 2010 14:40
Biocarburants : le super bide du super sans plomb E10
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Vendu depuis un an, cette essence écolo et moins chère ne décolle pas.
Rares sont ceux qui achètent du E10, pourtant moins cher et plus écolo que le sans plomb
Rares sont ceux qui achètent du E10, pourtant moins cher et plus écolo que le sans plomb "normal".
Comment se portent les biocarburants en France ? À en croire le ministre de l'agriculture Bruno Le Maire, "très bien". Selon son cabinet, "l'objectif français pour 2010 (7%) va au-delà de l'objectif européen qui lui, est fixé à 5,75%". La montée en charge dans notre pays est progressive "mais réelle" insiste le ministère: la part des biocarburants était de 5,5% en 2008, 6,25% en 2009.
Surprenant, d'autant que les pompes vertes, quand elles existent, sont rarement utilisées dans les stations-service : les carburants bio sont la plupart du temps
invisibles, incorporés à petite dose dans l'essence (jusqu'à 5%) et le gazole (jusqu'à 7%) traditionnels. Paradoxalement, plus un carburant est considéré comme propre
moins il marche. Le bide le plus surprenant est celui du "sans plomb95 E10", contenant jusqu'à 10% d'éthanol (à base de betteraves), distribué en France depuis le 1er avril 2009. Face à lui, un vaste marché : 60% de véhicules compatibles (1). Quasiment tous les modèles construits depuis l'an 2000 peuvent la digérer. Pour les autres, ce sans plomb est un peu trop corrosif d'après le comité des constructeurs français automobiles (CCFA).
Lancé à 1,13 euro le litre, il devait être disponible à la fin de l'année dernière dans 75% des stations. Bardé de vertus écologiques, moins cher que son grand frère le SP 95 qu'il doit à terme remplacer (1,26euro le litre avant-hier à Leclerc-Marignane), il aurait dû décoller en flèche. Un an après, dans les seules Bouches-du-Rhône, 36 stations seulement sur 297 le commercialisent. Au niveau national, un pic a été atteint fin 2009 avec 110 000 mètres cubes vendus en un mois
avant de redescendre en janvier à 90 000. Dix fois moins que le sans plomb "classique".
Chacun se renvoie élégamment la responsabilité de cette panne. L'union française des unités pétrolières (Ufip), pointe du doigt "l'économie qui n'est pas au rendez-vous". Les consommateurs roulent moins. Surtout "le différentiel entre le cours de l'éthanol et celui du pétrole est beaucoup moins attractif". Quand la décision de vendre ce produit a été annoncée pendant l'été 2008, le baril de Brent flambait à 150dollars. Il oscille aujourd'hui entre 70 et 80 dollars. Yves Le Goff, porte-parole de l'UFIP, regrette que le site internet gouvernemental censé populariser l'E10 ait "tardé" à voir le jour.
Les distributeurs, sommés de verser 60millions d'euros au titre de la taxe générale sur les activités polluantes pour compenser ce retard, ont-ils mis les moyens ? "Ceux qui ont parié sur ce produit ont intérêt à en vendre. Les autres, notamment la grande distribution, attendent que leurs clients en veuillent, avant de changer leurs pompes (qui coûtent 20 000 euros pièce, Ndlr) avec toute la logistique qui les accompagne". Pour les constructeurs automobiles, c'est bien "le manque de distributeurs qui freine les consommateurs". François Rodier, s'exprimant en leur nom, estime que "le parc auto est adapté" au E10 qui a surtout besoin selon lui d'un "effet prix".
Cette partie de cache-cache doit amuser les écologistes : France nature environnement assimile l'E10 à "un agrocarburant à côté de ses pompes. Utiliser des céréales pour faire rouler sa voiture, cela veut dire qu'il y en aura moins pour nourrir les habitants de notre planète". Pour atteindre l'objectif fixé par le gouvernement de 7% de biocarburants dans nos réservoirs en 2010, Total évalue à 1,8 million (maïs, soja
) le nombre d'hectares nécessaires.
Alors que l'Allemagne ne veut pas du E10 par crainte pour les moteurs de ses marques nationales, "la France poursuivra ses efforts" pour une essence plus verte, a prévenu Bruno Le Maire, mais en "développant les biocarburants de 2e génération" (cellulose, lignine, parties des végétaux non comestibles). L'objectif est de réduire les émissions de gaz à effets de serre d'au moins 35% au C** des voitures. Selon ses défenseurs, le seul E10 permettrait cette année d'en économiser un million de tonnes en 2010.
Article extrait du journal La Provence du 05/04/2010
Fondateur, Administrateur et Co-président du Mazda French Club
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